vendredi 2 août 2013

Sud Lombok

Le Sud de Lombok et ses rouleaux


Nos visas tourisme ralongés d'un mois, nous quittons l'agitation de Mataram pour rejoindre Kuta Lombok, au milieu de la côte Sud. La route est facile, une longue deux fois deux voies très peu fréquentée. C'est peut être la seule fois de notre vie où nous avons vu plus de policier que de civils. Chaque intersection, chaque petite route menant à un champ ou à une maison est surveillée de très près par un, deux, trois voire quatre policiers. Ils assurent la sécurité d'un éminent membre du gouvernement, des fois qu'un paysan s'en prendrait au convoi à coups de machettes... en attendant, ils attendent !

Kuta est à l'origine un petit port de pêche, mais la proximité des spots de surf et de plongée ont rapidement transformé le village. On compte désormais nombre de homestays, warungs, surfshops, et boui-bouis pour touristes. Malgré tout, l'endroit ne manque pas de charme, le paysage est splendide et l'ensemble du village à su conserver une bonne part d'autenticité.



Par exemple, nous logeons dans un petit homestay face à la mer, accueillant autant d'indonésiens que de touristes. Aucune publicité extérieure, l'endroit est surnommé le "No name homestay". Le patron est aussi pêcheur et passe de longues heures à entretenir ses filets, sa femme fait de la couture et nous prépare chaque matin de délicieux pancakes à la banane, ses deux vaches viennent s'abreuver puis repartent brouter l'herbe juste derrière la plage... Une centaine de mètres plus loin, la mosquée rythme les journées et surtout les nuits avec les prières du ramadan et l'appel à manger à 3h du matin, aussitôt relayé par les coqs semi-sauvages qui s'en donnent à coeur joie.



Nous surfons à Mawi, le seul spot abrité des innébranlables alizés du Sud Est et accessible depuis le bord. C'est un peak droite-gauche déferlant sur du corail vivant, nous y avons tout les deux laissé un peu de peau de fesse, mais rien de méchant. La droite est courte et intense, la gauche longue et tendue, le panorama est juste grandiose. Il faut simplement être pret à payer 1$ pour se garer et à faire du 4X4 pendant un km avec son scooter... Le spot peut aussi être surpeuplé, mais nous l'avons surfée plusieurs fois à moins de cinq dans l'eau.



Nous nous rendons à Gerupuk, un autre petit village de pêcheurs, encaissé dans une baie qui acceuille plusieurs vagues. Tant qu'à être en Indonésie, il faut au moins une fois tenter l'excursion en bateau ! Nous embarquons donc à bord d'un bateau de pêche traditionnel (une coque et deux flotteurs) et surfons la droite d'Inside Gerupuk. Petite et noire de monde, nous la fuyons rapidement pour tenter Outside Left, entraperçue un peu plus tôt à bord du navire. Le jeu en vaut la chandelle, nous sommes seuls à surfer une gauche d'un joli mètre dans une eau limpide qui ne cache pas du tout les patates de coraux.



Nous reprenons notre petite exploration en allant voir ce qu'il se passe du coté d'Ekas, au Sud Est de Lombok. Nous logeons dans le village au Paradise Homestay, tenu par Rumaji (qui est aussi pêcheur et éleveur de langoustes !) et sa petite famille . Nous sommes encore une fois assez chanceux de surfer seuls la gauche d'Outside Ekas, longue et qui offre quelques sections tubulaires. Encore une fois et de façon définitive, la planche de Fanch en fera les frais suite à un léger excès de confiance, cassée nette en deux après un barrel raté ! Cette halte à Ekas est surtout l'occasion de rencontrer un couple de Morbihannais, eux aussi ancien backapackers australiens. Il s'est avéré que nous connaissons tout les quatre Marc, un copain actuellement en stage en Australie, that's a small world ! Guillaume et Louison font du backpacking en Nouvelle Zélande et évitent l'hiver glacial sous la torpeur tropicale indonésienne (leur blog : http://gobackandforth.blogspot.com/).



Les plages aux alentours de Kuta sont superbes et abritent des vagues qui se réveilleront à la saison des pluies, quand les vents seront inversés.



Nous essayons de pêcher un petit peu, Annabel sort un joli poisson non identifié mais magique, qui a changé littéralement de couleur en lui retirant l'hameçon. Nous retrouvons Guillaume et Louison et partons pêcher, profitant des très gros coefficients de marée pour accéder à la lisière du reef. Un seul poisson est pêché (non identifié lui aussi, pas magique, mais rose !) mais le plus rigolo fut de se promener sur le reef à marée basse et de regarder les bestioles grouiller dans les flaques des coraux, retour en enfance !



Après quelques jours à Kuta, nos orteils frémissent de nouveau, il est temps de repartir explorer ! Direction Bangko Bangko, au Sud Ouest de Lombok, qui abrite la mondialement célèbre vague de Desert Point. Biensûr, en tant que braves explorateurs, nous avons fait fi de la belle route bitumée pour tenter la piste côtière, avec de beaux paysages à la clé. C'était sans compter la portion de quelques kilomètres encore en construction, avec déboulage de camion bennes, courses contre une niveleuse, et... la chute au ralenti (nous étions à l'arrêt) face au rouleau compresseur qui venait juste de stopper la machine pour nous laisser passer. Tout va bien, nous sommes sains et saufs, les planches aussi.

 
 avant la chute...
...pendant la chute


Desert Point est une vague qui ne marche que rarement et qui se mérite. L'arrivée se fait aprés le franchissement d'une côte puis d'une descente à 3km/h dans un chemin totalement lessivé et truffé de rochers ardents. Il s'agit de zigzaguer pour trouver la voie la plus plate. Même les locaux ne font pas les malins. Mais ce coup de poker en vaut la peine, la vague est magique, Annabel en a les larmes aux yeux en descendant du scooter. Le spectacle est ahurissant. Une gauche déroule machinalement sur plusieurs centaines de mètres, en offrant tube après tube au surfer chanceux et assez rapide. L'eau est bleue, le vent off shore, la vague déferle à quelques dizaine de mètres de la plage, le niveau est incroyable. La plupart des surfers sont sponsorisés, certains d'entre eux sont ou ont été professionnels - nous reconnaissons notamment le très excentrique Nathan Fletcher. Nous retrouvons notre copain Benny, un Brésilien rencontré auparavant à Mawi, parlant parfaitement français après un an d'étude à Bordeaux.

 
 


Annabel se régale à marée haute.



Nous logeons dans une petite case en feuille de palmier tressées, sans lumière ni électricité, mais avec poules ! Nous y dormons bien, même si les prières du ramadan et les coqs nous réveillent parfois.



Une nuit, alors que tout est calme, le grondement des vagues est si intense qu'il semble faire vibrer nos poumons. Le réveil nous révèle le spectacle le plus incroyable de toute notre vie. Face à nous, le volcan de Bali découpe l'horizon. Une armada de bateau de pêche rentrent à la voile après avoir pêché les petits thons pendant une bonne partie de la nuit. Ils doivent se frayer un chemin entre un contre-courant monstrueux et les vagues de Desert Point. Ces vagues forment un mur colossal, atteignant trois mètres de haut. Toute la puissance de cette houle générée dans les contreforts de l'Antarctique se déverse devant nos yeux exorbités. Les surfers sont à leur aise, enchainant les longs tubes profonds et les carves engagés.



Fanch attend la marée montante qui s'accompagne d'une chute prévisible de la taille des vagues pour rentrer dans l'eau, avec le sentiment d'être une petite crotte dans une chasse d'eau. Dès que la marée redescend la locomotive se remet en route. Robert, notre voisin américain, décrit la vague comme une machine dont l'interrupteur est la bascule des marées et qui peut être OFF en quelques minutes.



La houle s'amortit du jour au lendemain, la vague ne marche plus. Nous quittons alors Lombok à bord du public ferry, la tête remplie d'images inoubliables. La traversée se fait en moins de quatre heures mais nous devons patienter plus de deux heures que les autres ferry se déchargent (l'un des deux pontons du port de Bali ayant été défoncé quelques jours plus tôt par un bateau trop pressé). C'est vraiment très long d'attendre, nous ne serons jamais policiers.

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